mercredi 22 décembre 2010

It's the Muppet show!

Pour terminer cette année 2010, une Insuffisance mitrale en ETO 3D (what else?).
De nouveau, il s'agit d'une patiente ayant un antécédent de rhumatisme articulaire aigu dans l'enfance, hospitalisée pour un œdème pulmonaire. Cette fuite est difficile à quantifier en ETT, elle parait moyenne, avec deux jets distincts, de direction quasi orthogonale.

En ETO, les feuillets sont discrètement épaissis; l'anneau n'est ni calcifié, ni dilaté; et il n'y a pas de prolpasus.











Et pourtant, ça fuit...


IM post RAA- ETO transgastrique grand axe from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

En 3d, (vue "chirurgicale" de l'oreillette gauche habituelle, aorte en haut, auricule à droite) on est d'emblée frappé par la déformation de l'anneau, qui semble aplati sur la commissure antérieure.
Les deux feuillets sont "tractés" vers le ventricule, par le raccourcissement des cordages (le plan de coaptation se situe très en dessous de l'anneau).
La valve ferme au milieu, mais les deux commissures (et surtout l'antérieure) restent ouvertes (et donc fuyantes).
Il s'agit donc d'une fuite rhumatismale, par restriction des deux feuillets, déformation de l'anneau et défaut de coaptation bi-commissurale.



eto 3d- vue auriculaire from fish Nip echocardiographie on Vimeo.


Diastole :

















Systole (noter l'absence de coaptation dans les zones commissurales):

















Avant de regarder ce que ça donne dans la vue ETO 3d coté ventriculaire, je vous suggère de lancer la vidéo ci dessous :



Puis de faire un click droit "loop is off" pour laisser tourner la boucle:


eto 3d- vue ventriculaire from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Bonne année à tous,
plein de bonnes ondes ultra sonores,
et à l'année prochaine!

Savez vous implémenter des choux?

Dans les derniers congrès chics, la mode est à "l'implémentation".
La première fois que j'ai entendu ce terme, j'ai pensé à une faute de français de l'orateur, pauvre de moi (trop la honte, graâââÂÂaaave...)
Dans mon vieux dictionnaire Larousse, on n'implémente rien du tout!
Mais sur le Larousse en ligne, on implémente avec un naturel déconcertant:
"Implémentation : nom féminin (anglais : implementation) Mise en place sur un ordinateur d'un système d'exploitation ou d'un logiciel adapté aux besoins et à la configuration informatique de l'utilisateur".

Cette patiente présente un œdème pulmonaire brutal, et l'échographie cardiaque trans-thoracique décèle une fuite mitrale difficile à évaluer mais paraissant sévère, ainsi qu'une forte hypertension pulmonaire.
En ETO 2D, sur la coupe passant par P1, A2 et P3, on distingue un prolapsus de P3 avec un petit cordage rompu (à gauche de l'écran), responsable de la fuite.


Prolaspus P3 -ETO 2d from fish Nip echocardiographie on Vimeo.



Implémentons l'ETO 3D (Oh! J'adore! C'est trop snob d'implémenter...)


Prolapsus p3 ETO 3D from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Valve ouverte :

















Valve fermée (enfin presque, car le P3 et son cordage prolabent)

















On distingue toujours le prolapsus de P3 (cette fois à droite de l'écran, sur cette vue "chirurgicale" de la mitrale : auricule à droite, aorte en haut, commissure postérieure à droite de l'écran). Mais on prend la mesure de l'énorme calcification de l'anneau mitrale, quasi circonférentielle, qui ne paraissait pas franchement évidente en 2D...


Si on implémente la coronarographie (c'est encore de l'informatique, puisque c'est numérisé, non?), on confirme que l'anneau mitral est TRES calcifié, que la fuite est sévère, et que la fonction VG est bonne...


Coro-Calcification annulaire mitrale from fish Nip echocardiographie on Vimeo.



Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Si on se résume, l'implémentation du 3D sur cette valvulopathie mitrale permet de préciser la calcification annulaire, sa topographie exacte, avec une bonne concordance avec la ventriculographie. Cette information est cruciale pour le chirurgien (et pour la patiente!). Elle permet également de confirmer la topographie du prolaspus, (même si le diagnostic en ETO 2D est relativement univoque).
Et bien voilà, j'ai utilisé mon nouveau mot 10 fois dans le même billet, je crois que je me suis bien rattrapé, non?

lundi 20 décembre 2010

Itineraire bis


La présence d'une dilatation du sinus coronaire en échographie doit faire évoquer la présence d'une veine cave supérieure gauche, variante anatomique relativement fréquente et anodine, au moins lorsqu'elle n'est pas associée à une autre cardiopathie congénitale. Tout est expliqué ici, (http://irmcardiaque.com), sur ce site merveilleux d'IRM cardiaque que je me suis d'ailleurs empressé de référencer dans mes liens. (Je les avais d'ailleurs déjà cité ).
Trois variantes de veine cave supérieure gauche : avec un tronc veineux innominé entre les deux (A), ou sans (B), ou bien encore une veine cave gauche unique (C) :



Cette patiente, coronarienne pontée, présente donc une dilatation inhabituelle du sinus coronaire, ce qui constitue d'ailleurs le cadet de ses soucis.

En petit axe, le sinus coronaire parait très dilaté sur toute la face postérieure du VG:


Idem en coupe des 4 cavités, en béquant la sonde vers le plancher du VG :


L'astuce pour affirmer le diagnostic consiste à injecter des bulles dans une perfusion au bras gauche, comme pour une épreuve de contraste standard. Si les bulles arrivent par le sinus coronaire avant d'arriver dans l'oreillette droite par la veine cave supérieure, c'est quelles ont pris l'itinéraire bis.

Sur cette vidéo, les bulles arrivent par le sinus coronaire, avant d'arriver dans l'oreillette droite:


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Évidemment, ce genre de découverte est le plus souvent sans conséquences, jusqu'au jour où un rythmologue bienveillant, croyant arriver dans la veine cave supérieure, voudra y glisser une demi douzaine de sondes de Pace Maker et de défibrillateur (où comment une stimulation VD peut se retrouver exclusivement VG...)

mercredi 15 décembre 2010

Ami-loïde, lève ton verre

Les critères échographiques pour l'amylose cardiaque sont pour le moins peu spécifiques. Dans le "good book" d'Eugène Braunwald cher à Grangeblanche et aux cardiologues en général, on trouve ces quelques lignes (p 1429) :
- Épaississement des parois ventriculaires
- Petites cavités ventriculaires
- Dilatation auriculaire et épaississement du septum inter auriculaire (plutôt dans les formes familiales)
- FEVG souvent étonnamment normale
- Épanchement péricardique fréquent
- Aspect granité du Septum inter ventriculaire ("granular sparkling texture")
- Dysfonction diastolique (cardiopathie restrictive)

Voici trois cas cliniques où le problème s'est posé (pour lire les vidéos en boucles, faire un click droit et "video loop is off"):
Mon premier est une coupe apicale des 4 cavités d'un patient présentant une amylose par production de transthyretine (diagnostic posé en hématologie après une biopsie des glandes salivaires -BGSA- négative) :

Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.



Mon second, plus classique, est une amylose AL (dans le cadre d'un myélome), diagnostiquée sur une deuxième BGSA (la première s'étant révélée négative...):

Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.



Et mon tout est une cardiopathie restrictive hospitalisée pour insuffisance cardiaque, et qui ressemble diablement aux petits copains du dessus! L'aspect granité, l'infiltration diffuse du septum, la dilatation auriculaire, tout y est, même l'épaississement du septum inter auriculaire!


Amylose? biopsies - from fish Nip echocardiographie on Vimeo.



Coupe sous costale, septum inter auriculaire épaissi :



Et pourtant, cette foutue BGSA est encore négative (mais ce n'est que la première...)
Pas de myélome, pas d'histoire familliale, le bilan est négatif.
Il peut toujours s'agir d'un autre type de cardiopathie infiltrative, dont la liste est résumée dans cette mise au point du JACC:
Maladie de Fabry (mais dosage d'alpha galactosidase normal),hémochromatose (mais Ferritine normale), ou encore d'une banale cardiopathie hypertensive! (Comme il s'agit d'un adulte disons... confirmé, la probabilité d'un syndrome de Danon, d'une ataxie de Friedreich, d'une oxalose ou d'une mucopolysaccharidoses est assez faible...).
Alors, vraix amis(lose) ou faux amis(lose)?

PS : Je vous entends d'ici : oui, nous avons demandé une IRM cardiaque...
PS 2 : Oui, la dernière blague est pourrie (quoi? les autres aussi???).

lundi 13 décembre 2010

Qu'est ce qu'un échographe?

"What is an Echo machine?", c'est la question posée par le Dr Kimura, dans le numéro 12 du JASE. Non pas qu'il ne connaisse pas la réponse (à voire sa liste de publication, cela parait assez improbable), mais l'arrivée sur le marché d'appareils d'échographie ultra-portables, vendus par les constructeurs comme des "stéthoscopes ultrasonores" va nécessairement bousculer le microcosme de la cardiologie non invasive.



La première interrogation, (comme souvent aux US), est d'ordre financière. Le coût de ces échographes est entre 10 000 et 50 000 dollars, ce qui est très en dessous des prix des échographes portables actuels. Leur diffusion risque donc d'être assez rapide, et pourrait généraliser un concept peu connu des américains, celui de "l'échoscopie". Ce "petit coup d'œil" échographique est très peu répandu (moins de 2% des ETT aux USA)  puisque les échos sont réalisées par des techniciens, souvent avec une demande très succincte du clinicien. Il n'y a donc pas de modalité de remboursement de l'échoscopie, et l'impact financier de cette pratique reste à définir, pour les praticiens comme pour les caisses d'assurance maladie.

Mais la question la plus intéressante reste "qu'attendons nous réellement d'une échographie cardiaque?". Ces appareils constituent une évolution majeure ("a disruptive technologie"), que l'auteur compare aux appareils photos numériques embarqués sur les téléphones portables. Pas de branchement, allumage immédiat, l'information est disponible partout (cabinet de consultation, SAMU, urgences, réanimations...). Cependant cette information est très, très, inférieure à la somme des informations obtenues par un échographe portable usuel:  seule l'échographie bidimensionnelle et Doppler couleur est disponible à ce jour.

La "bonne utilisation" de ces appareils (maintenant qu'ils sont là, ils faut bien les utiliser!) serait donc le cadre de l'urgence, qui met en valeur l'immédiateté de la réponse, à une question nécessairement simple : épanchement péricardique, épanchement pleural, aorte abdominale etc...
Les "ultra portables" doivent donc devenir des "assistants ultrasonores" à l'examen clinique, et non des échographes destinés à remplacer l'examen habituel, au risque de perdre la qualité d'une échographie cardiaque, telle qu'elle est réalisée actuellement.

L'auteur conclue par cette métaphore : si nous utilisons tous l'appareil photo de notre téléphone, nous n'engagerions pas un photographe professionnel qui ferait de même...

mercredi 8 décembre 2010

La danse du ventricule : réponse (et nouvelles questions...)

Bon, en réponse à ce billet, la coronographie est normale.
IVA en OAG :


Comme Fred, j'ai eu du mal à acheter l'anarchi-désynchronisation (réponse 1) d'emblée du fait de l'akinésie antérieur en apicale des 2 cavités.
J'ai un ami qui s'habille toujours en noir, et qui a un syndrome d'apnée du sommeil si sévère, qu'il est appareillé jour et nuit. C'est un philosophe, et il me dit souvent : "Don't underestimate the Force, Philippe".

La force de la désynchronisation est inestimable. Chez cette patiente, il y avait, outre les troubles de cinétique, une désynchronisation intra VG et interventriculaire, avec une désynchronisation auriculo ventriculaire comme cerise sur le gâteau. Finalement, comme souvent, la patiente avait raison. Elle n'a pas besoin de cardiologue, puisqu'elle n'est pas malade!

lundi 6 décembre 2010

Le radeau de la meduse

Cette fois, c'est le Dr Standish qui me confie cette image (merci Brigitte!), recueillie au détour d'une ETO "bilan d'AVC". Depuis la description des débris mobiles des plaques athéromateuses de la crosse aortique en ETO dans les années 90, et leurs rôles dans les AVC récidivants, on les cherche beaucoup, mais on ne les voit que rarement...
Ici, on trouve trois couches, une calcification pariétale, une plaque athéromateuse calcifiée, et un débris mobile (ou thrombus?), qui agite son drapeau en signe de victoire, ou de détresse (comme vous voulez!).


Atherome aortique compliqué from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Pour des raisons mystérieuses, la plaque, qui paraissait calcifiée en échographie (hyperéchogène, cône d'ombre postérieur) est hypodense en scanner (seule la paroi externe est calcifiée).


Trois couches : un radeau en calcaire, des naufragés athéromateux, un drapeau en thrombus, ça ne vous rappelle rien?
Moi, ça m'évoque ceci :

Mais plus honnêtement celà :


Pour le traitement, c'est le naufrage : voici ce que l'on trouve sur le site inserm du Pr Amarenco :
"ARCH trial : clopidogrel + aspirine vs coumadine chez des patients qui ont eu un accident ischémique transitoire ou un accident ischémique constitué  et ont une plaque ≥4 mm d’épaisseur sur la crosse de l’aorte : essai arrêté après 381 inclusions (sur 650 prévues), pour inclusions trop lentes"
Hélas...
Pourtant "ARCH", c'était pas justement le nom d'un bateau qui ne coule pas, même en cas de déluge?

vendredi 3 décembre 2010

La danse du ventre (icule)

Petit quiz pour détendre l'atmosphère après ce billet un peu enflammé sur l'écho de stress...
Une patiente âgée, tabagisme actif à 60 paquets années et la bronchite chronique qui va avec, ainsi que l'artérite des membres inférieurs.
Demande d'échographie : "bilan pré-op".
-Vous avez des antécédents cardiologiques?
-Non!
-Mais... Vous avez un Pace Maker!
-Ah oui...
-Donc vous avez un Cardiologue?
-Ah non!

Et voici le ventricule gauche en échographie.
D'abord, l'ambiance musicale :


Cheb shrek (dour biha ya chibani)
envoyé par krimo68. - Regardez la dernière sélection musicale.

Puis le ventricule gauche en 4 cavités :

VG bizarre 4 cav from fish Nip echocardiographie on Vimeo.



Et en deux cavités:

VG bizarre 2 cavités from fish Nip echocardiographie on Vimeo.




Quelle description feriez vous?

Suggestion de présentation :
1- Ventricule anarchi-désynchronisé par la stimulation cardiaque
2- Séquelle dyskinétique d'infarctus antéro-septo-apicale et septum dyskinétique sur stimulation
3- Cardiomyopathie de stress, sans stress, avec troponine normale (difficile ça...)
4- VG normal, à confronter au scanner et à l'IRM (après extraction du pace maker...)
5- Examen à contrôler sur un machine plus performante, à distance de l'épisode chronique, après passage en ACFA (un peu too much, mais ça se tente...)

mercredi 1 décembre 2010

Menu S15 vapeur

L'échographie de stress est un examen d'avenir. Les recommandations toutes fraiches de l'ESC sur la revascularisation myocardique la classe 1A (avec la scintigraphie, mais avant l'IRM de stress et le PET scan) pour le dépistage de la coronaropathie chez des patients à probabilité pré-test intermédiaire. La valeur pronostique en cas de positivité ou de négativité de l'examen est également soulignée. Le coût de l'examen, sa durée brève et l'absence d'irradiation l'avantagent par rapport à la scintigraphie.

Mais de quel examen parlons nous?
Dans ces mêmes recommandations, "l'echographie de stress" est définie comme un test sur bicyclette ergométrique, ou sous dobutamine, mais parfois sous dipyridamole, avec ou sans produit de contraste échographique. L'étude de la perfusion myocardique par contraste est citée, mais le bénéfice n'est pas établi.
C'est justement le but de cet article du JASE publié dans le numéro d'octobre 2010 par le Dr Gaibazzi et ses collègues : "Detection of coronary disease by combined assessement of wall motion, myocardial perfusion and coronary flow reserve : a multiparametric contrast stress-echocardiography study".
Lorsqu'on utilise le contraste en échographie de stress, on peut utiliser une première injection de 0.2ml de contraste pour amplifier le signal Doppler du flux coronaire dans l'IVA distale, tout proche du capteur, et ainsi obtenir un flux doppler coronaire à l'état basal, puis au pic du stress (comme ici).
L'utilisation de l'adénosine permet de raccourcir la durée de l'examen (6-8 minutes au lieu de 20-25 min en dobutamine). L'adénosine permet surtout, en jouant plus sur la composante "vol coronaire" que sur la composante "tachycardie-inotropie", d'étudier le flux coronaire et la perfusion myocardique dans de meilleures conditions (vers 100 bpm) qu'en dobutamine (vers 150-160 bpm). Pour autant, est-ce que l'adénosine fait aussi bien que la dobutamine sur l'étude des modification de cinétique?

Cet article étudie donc l'intérêt respectif de la perfusion myocardique en échographie de contraste (MPI pour myocardial perfusion - technique de remplissage-déstruction des bulles), de la réserve coronaire dans l'IVA (CFR pour coronary flow reserve) et de l'épaississement systolique classique (WM pour Wall Motion) sur 400 patients (tous ont eu une coronarographie).
En bref :
*la perfusion (MPI) est très sensible (96%) mais peu spécifique (66%),
*La réserve coronaire est sensible (80%) mais peu spécifique (66%),
*et l'anomalie de cinétique sous dipyridamole est peu sensible (63%) mais très spécifique (85%).

Les auteurs suggèrent donc de tester, dans une future étude, une combinaison des trois et espèrent ainsi équilibrer cette balance sensibilité-spécificité. Le choix dobu Vs Dipyridamole est discuté (la perfusion et la cinétique sont analysable sous dobutamine, mais la réserve coronaire est nettement moins "faisable").

La très faible sensibilité de l'anomalie de cinétique au pic du stress dans cette étude est peut-être liée à l'utilisation du dipyridamole et non à la dobutamine. Sous dobutamine, la sensibilité rapporté par l'excellente méta analyse du Dr Geleijnse (JASE 2009) est de 81% et la spécificité de 82%. Il y a donc un choix à faire sur le produit "stressant" : adénosine (perfusion-CFR-peu d'effet secondaire-examen rapide) ou Dobutamine-Atropine (meilleure sensibilité, analyse de la perfusion faisable, mais plus analyse de la CFR beaucoup plus difficile).
Avons nous réellement besoin d'une autre échographie de stress, ou cherchons nous désespérément à sauver l'étude de la perfusion myocardique par échographie de contraste?

Il n'y a donc pas une échographie de stress, mais des échographies de stress qu'il va peut-être falloir uniformiser ou hiérarchiser rapidement pour garder cette crédibilité toute neuve accordée par les recommandations ESC. Dans le cas contraire, le choix de l'examen va dépendre du choix entre sensibilité (perfusion myocardique, réserve coronaire) et sensibilité (étude de cinétique), et va s'apparenter à la carte du restaurant chinois...
Je prends votre commande : menu S15 avec dobutamine, atropine, béta-bloquants ou le M9 avec dipyridamole et contraste?
Je me demande bien quel dessin on trouvera au fond du verre de saké...

lundi 29 novembre 2010

Sous l'aorte, l'AP

A la fin des échographies trans-thoraciques, comme Maitre Yoda-Serfaty, j'aime bien jeter un petit coup d'œil sur la crosse de l'aorte en sus-sternal, pour le plaisir, pour ne rien regretter.
Sur cette coupe, on voit de haut en bas, la crosse de l'aorte au niveau de l'isthme et de l'artère sous clavière gauche, et en dessous, l'artère pulmonaire droite qui "plonge" en bas et à droite de l'écran.
Chez ce patient hospitalisé pour détresse respiratoire, l'échographie trans-thoracique au lit retrouve des caractéristiques de cœur pulmonaire (sub?) aigu avec:
Une Hypertension artérielle très sévère à 85 mmhg, calculée sur l'insuffisance tricuspide :


Des cavités droites modérément dilatées mais une fonction ventriculaire droite conservée (pour développer une insuffisance tricuspide aussi véloce, la fonction VD est nécessairement conservée). La veine cave inférieure est fine, le VD n'est pas hypertrophié, l'artère pulmonaire est peu dilatée.
En supra sternale, sous la crosse de l'aorte, on aperçoit un thrombus mobile dans l'artère pulmonaire doite :




Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Zoom sur le cadre précédent :

Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Il faut dire que, si l'on voit le petit bout du thrombus, c'est parce qu'il est ÉNORME!
En coupe native :


Et après reconstruction pour expliquer la coupe échographique suprasternale (merci OsiriX) :


Grace à OsiriX et à Aurélie (respectivement déesse et fée du DICOM), voici un petit film de l'angisocanner, mais en coupe sagittales, on entre par l'épaule droite (le générique est un peu long et n'est pas sans évoquer celui de "Star Wars"), le voyage se poursuit par l'énorme thrombus droit, puis la crosse aortique :


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.


La visualisation de thrombus en échographie, dans le cadre des embolies pulmonaires massives, est généralement décrite sous forme de thrombus intra-cavitaires droit (OD, VD, ou thrombus en transit dans un Foramen Ovale perméable). Ces observations représentes, dans les séries de la littérature, entre 4% pour les embolies pulmonaire "tout venant" (registre ICOPER) et 18% si l'on s'intéresse plus particulièrement aux EP massives. Les cas cliniques rapportés de thrombi dans l'artère pulmonaire concernent en général la bifurcation (thrombus à cheval sur la bifurcation) et plus rarement les branches, généralement alors en ETO. Les observations sont éparses et, contrairement aux thrombus intra-cardiaques, il n'y pas de pronostic ou de prise ne charge spécifique pour ce genre de rencontre.



vendredi 26 novembre 2010

L'angoisse du gardien de but au moment du penalty...


Jeune garçon, parce que je n'aimais pas la bibliothèque rose (trop nulle!), et que je me planquais pendant la récréation pour lire au lieu de jouer au foot avec les camarades, je m'imaginais être un littéraire. Aussi avais-je emprunté à la bibliothèque cet étrange roman, auquel je ne compris absolument rien. Pourtant le titre est très fort...
Au moment du penalty, (du moins pour ce que j'en sais), le goal s'avance un peu hors de sa "cage", non? Et en quelque secondes, il peut être fusillé, mort pour le sport, ou devenir un héros. Évidemment c'est un peu tragique, mais je trouve ça plus beau que de "quitter l'aventure" sur un vote SMS...

Dans un bilan de cardiopathie emboligène (infarctus rénal), l'échographie trans-thoracique décèle rapidement ce qui semble être un thrombus de l'oreillette gauche :
Grand axe :


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Petit axe :

Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.


En ETO 3d, dans la vue chirurgicale habituelle, l'aorte est en haut, la mitrale en dessous, l'auricule à droite de l'écran, et le thrombus, comme notre gardien de but, est juste devant l'auricule (c'est d'ailleurs ce qui le rend visible en ETT) :


thrombus OG ETO 3d from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Sur ces coupes du volume 3D centrées sur le thrombus, il apparait clairement qu'il ne s'agit pas d'un thrombus de l'auricule mais de l'oreillette, chez un patient ayant par ailleurs un auricule fin, avec des vélocités de vidanges normales, mais une dilatation bi-auriculaire.


thrombus OG-slices from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Si nous avions vu ce patient avant son épisode embolique, en FA chronique, avec un score de CHADS2 (ou de CHA2DS2-VASc) à 0, combien d'entre nous l'aurait anticoagulé???
Angoissant, non?

mercredi 24 novembre 2010

STRANDger in the night

Avec Jérôme, "l'infirmierticien" d'écho (aussi à l'aise avec ses perfusions qu'avec windows), nous avons un jeu stupide. Nous interrogeons tous les patients convoqués pour une écho de stress sur leur préférence entre Elvis Presley et Franck Sinatra. Le capital sympathie d'Elvis est proprement incroyable. Pourtant, moi j'adore Sinatra...
Dans la même semaine, deux vieilles dames en insuffisance cardiaque à prédominance droite, en fibrillation auriculaire chronique et présentant une HTAP importante ont des images échographiques étranges...
La premières sur la valve aortique : plusieurs éléments filamenteux, fins, mobiles, sur le versant ventriculaire et sur le versant aortique, sans le moindre contexte infectieux, et sans dysfonction de la valve.

En grand axe:


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.



En petit axe:


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Sur la sonde auriculaire du pace-maker de la seconde patiente, toujours sans aucun contexte infectieux, un élément mobile plus épais, qui pourrait plus évoquer une végétation, si cela n'était pas une découverte fortuite.


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.


zoom sondes PM from fish Nip echocardiographie on Vimeo.


La littérature médicale n'est pas très prolixe sur les strands. Dans pubmed, en ne limitant qu'aux revues de littératures, on obtient deux références...
Le strand est défini comme un élément filamenteux, de moins de 1 mm d'épaisseur, plus généralement sur la valve mitrale que sur la valve aortique, plutôt sur le versant ventriculaire de la valve aortique et sur le versant auriculaire de la mitrale. Globalement, il semble qu'il y ait un lien entre la présence d'un stand et le risque d'Accident Vasculaire Cérébral chez le patient "tout venant".
Dans cette étude disponible gratuitement sur Pubmed, la présence de strands ne modifie pas le risque embolique chez les patients traités, que le traitement soit de la warfarine ou de l'aspirine.
Le strand reste donc cet inconnu, un inconnu dans la nuit...

mercredi 17 novembre 2010

A tous ceux qui pensent que je suis un psychopathe de l'échographie cardiaque...

J'ai trouvé mes maîtres... Il sont autrichiens, et surtout ils sont à fond!
Le lien de leur blog est dans la colonne de droite.
Tenez le coup jusqu'au bout, le cas clinique est assez incroyable!

Rémy sans famille

Mon histoire se termine bien. L'opération de l'anévrisme disséquant s'est bien déroulée, la valve aortique a été conservée (défroissée, suspendue, lavage à sec, essorage 3000 trs/min) et la bacterio de tout ce bazar est négative. Pourquoi un telle présentation clinique? Mystère...
Grâce à mon anesthésiste préféré, voici une petite photo de la bête, l'aorte est monstrueuse, avec une paroi déjà hémorragique et prête à rompre...
Finalement, il s'en sort bien Rémy!

lundi 15 novembre 2010

Thierry la fronce

Dans le dernier billet, je sollicitais votre avis sur le mécanisme de la fuite aortique de ce patient qui présente un anévrisme disséquant de l'aorte initiale et un tableau très évocateur d'une endocardite à Staphylocoque. La cusp antero-droite de la valve aortique, en haut de la coupe ETT, présente des irrégularités que j'ai interprétées à tort, dans ce contexte, comme une possible perforation.
Pourtant, il suffisait de tourner la sonde en petit axe pour avoir une idée de la réponse :


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

La cusp antero-droite (toujours en haut en ETT) est "pliée", étirée par la distension et déformation annulaire induite par la dilatation aortique. La fuite est centrale, il n'y a pas de lésion évocatrice d'endocardite. J'avais déjà évoqué cette histoire de "fronce" des cusps de la valve aortique ici. L'analyse 3d prend tout son sens : vue d'en haut, il est difficile de comprendre ce qu'il se passe, et vue de profil, la déformation de la cusp est visible mais c'est le mécanisme de cette déformation qui est obscure.

Dans cet article du CNRS (qui a failli me réconcilier avec les maths), il est expliqué la différence entre un pli et une fronce, et, pour illustrer leur propos, les auteurs ont fait appel... à une animation 3d!
Si les chirurgies de plasties aortiques se développent,  l'analyse 3d sera certainement de la partie, pour décrire précisément les mécanismes de ces fuites.

Et juste parce que ce billet est vraiment trop sérieux, avec des maths et tout et tout, un jeu de mot moisi et un petit clin d'œil à une de mes références fétiches, avant Yoda, avant même Raoul Volfoni et sa bande : 



Enjoy!

jeudi 11 novembre 2010

Ma future installation...


Ma future installation sera sous les bananiers,  au soleil.
La guérison par "IMPOSITION des MAINS" est une variante de celle qui utilise l'apposition des mains. Ici, pas le choix, vous  devez guérir, c'est un ordre.
Moi, ca me plait.
C'est vrai, quoi,  l'échographie, la cardiologie, c'est quand même assez difficile...
Par exemple, ce monsieur, qui n'a pas de chance, pas d'antécédent, pas de sécu et pas de famille : il a de la fièvre, un faux panaris, des hémocultures positives à staphylocoque, une insuffisance aortique significative récente et l'écho retrouve :
une dissection aortique! Enfin plutôt un anévrisme disséquant de l'aorte ascendante.

Anévrisme de  9cm...

IA moyenne avec PISA à 8 mm pour Vr à 0,3, soit une surface d'orifice régurgitant à 30 mm2


Pas de problème, je suis plutôt du genre obstiné,  je vais te la trouver moi l'endocardite...
Sur cette coupe parasternale grand axe, la cusp anter-droite parait louche non?


anévrisme dissequant aorte ascendante from fish Nip echocardiographie on Vimeo.


Quel mécanisme(s) évoqueriez-vous pour expliquer cette fuite aortique?

dimanche 7 novembre 2010

The Crossroads

The Crossroads, c'est LA légende du Blues. On raconte que pour bien jouer de la guitare, il faut aller à la croisée des chemins et attendre. Là, avec un peu de chance, vous rencontrerez le Diable : si vous acceptez de lui vendre votre âme, alors vous deviendrez un grand guitariste de blues.
Clapton, ici avec Cream, a du se vendre à bon prix. (Personnellement, je n'ai pas du attendre assez longtemps, mais je n'ai vu personne).


Eric Clapton and Cream: Crossroads 1968

Allen | Myspace Video


Le thrombus arrivant à la croisée des chemins trouve ici un petit passage, et en profite pour occasionner une embolie pulmonaire massive et une ischémie aiguë du membre supérieur droit. Sur cette coupe 4 cavités zoomée sur les oreillettes, on distingue le thrombus coincé dans le Foramen ovale, juste sous l'anevrisme du septum inter auriculaire.


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Il est extrêmement mobile, et semble s'engager dans la valve mitrale à chaque diastole sur cette coupe 2 cavités...


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

La conduite à tenir devant un "thrombus en transit" n'est pas très claire, mais il s'agit souvent d'embolie pulmonaire massive avec instabilité hémodynamique. Les recommandations ESC 2008 précisent que la thrombolyse est possible, mais que la chirurgie est classiquement proposée, avec cependant un niveau d'évidence assez faible...
Lorsque nous avons présenté ce cas à notre chirurgien, la dysfonction VD aiguë l'a effrayé, (la circulation extra corporelle n'ayant pas la réputation d'aider les ventricules droits défaillants), nous avons donc opté pour la thrombolyse. On reproche à la thrombolyse de fragmenter le caillot et d'éventuellement aggraver le tableau. De plus, la présence d'un Accident Vasculaire Cérébral par embolie paradoxale est toujours possible, or c'est une conte-indication à la thrombolyse.
Pourtant, la thrombolyse s'est parfaitement bien déroulée, et le thrombus à disparu en 48 heures, l'ischémie aiguë a régressée durant la perfusion.
Le passage, lui, reste ouvert...

mercredi 3 novembre 2010

The time tunnel

Rappelez vous, dans les années 1970, en plein "Dimanche Martin", Bob et Bill (ou était-ce Jack et John?) étaient engagés dans le plus fantastique programme d'expérimentation scientifique des USA: "Le tunnel du temps". Si si si, je suis sur que ça vous rappelle quelque chose...


Serie TV - Au coeur du temps - Generique
envoyé par VINCEnord. - La vie de famille à travers le monde en vidéo.

Ah, ça vous revient, la spirale noir et blanche qui tourne à l'infini, emportant avec elle nos certitudes et toute tentative rationnelle d'expliquer les bouleversements de notre époque.
Et bien, Bill et Jack sont encore passés à l'hôpital. Après la tarte aux trois fromages, ils laissent derrière eux une charentaise, posée sur une rampe, devant l'ascenseur.


Ma raison flanche. Je sais qu'ils sont coincés dans le corridor du temps. Je voudrais les aider mais je ne le peux pas. J'essaye de leurs envoyer des messages ultrasoniques en 3d, mais je crains que le département d'état ne les intercepte.
J'ai peur...

lundi 1 novembre 2010

SAMépate...

C'est une échographie réalisée en post-opératoire de bioprothèse aortique pour rétrécissement aortique serré. Le patient est en œdème pulmonaire, il y a un aliasing important sur la voie d'éjection aortique et les premières mesures Doppler (gradient moyen à 30 mmHg) sont un peu alarmantes...


Pourtant il ne s'agit ni d'une thrombose de bioprothèse (au demeurant très rare en position aortique), ni d'une disproportion patient prothèse, mais d'un SAM (systolic anterior motion) de la grande valve mitrale, qui se replie dans la chambre de chasse du VG, ce qui engendre un obstacle sous aortique (Cf photo Doppler couleur) et une insuffisance mitrale :


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.





En Doppler continue, on peut obtenir le flux d'IM et celui d'obstacle intra ventriculaire gauche sur la même image :

Le SAM est (était?) une cause classique d'échec de plastie mitrale, particulièrement quand il existe  un excès de tissus majeur, un petit ventricule gauche et un angle mitro-aortique étroit.

Mais l'obstacle dynamique qui apparait après la levée de l'obstacle fixe, ça m'épate.

jeudi 21 octobre 2010

Eau et gaz, à tous les étages

Monsieur vient d'être thrombolysé pour un accident vasculaire cérébral, avec succès. Le bilan met en évidence une cardiomyopathie dilatée très hypokinétique, biventriculaire, curieusement quasi asymptomatique jusque là (avec tout de même une asthénie et une perte de 20 Kg en un an, sans aucune autre cause évidente...).
En échographie, on retrouve, sans grande surprise, un thrombus apical gauche.


thrombus VG from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Coupe apicale 3 cavités :


Mais il y a aussi un thrombus dans l'apex VD!



thrombus VD from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Heureusement rien d'évident dans le tronc de l'Artère Pulmonaire :


Pas de place pour la canule d'assistance à gauche, pas de place pour la sonde de défibrillateur à droite...

lundi 18 octobre 2010

Insuffisance mitrale triple action

Il s'agit d'un patient sans antécédent cardiologique connus, hospitalisé pour une œdème pulmonaire. On note un souffle d'insuffisance mitrale important, et sur l'ECG, un aspect QS en D1 et Avl, évoquant une séquelle de nécrose latérale haute. L'échographie trans-thoracique confirme l'importance de la fuite mitrale, mais le mécanisme est difficile à préciser, et pour cause, il y en à trois!
La classification du Pr Carpentier décrit trois mécanismes d'insuffisance mitrale, chacun nécessitant une correction adaptée.
Le type 1 : mobilité normale des feuillets, et donc dilatation de l'anneau, ou perforation d'un feuillet.
Le type 2 : Prolapsus d'un feuillet
Le type 3 : restriction d'un feuillet

Première étape :
Le ventricule gauche, en échographie bidimensionnelle traditionnelle, la séquelle de nécrose ne parait pas évidente :


VG 4 cavités from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Après injection de contraste, il existe incontestablement une séquelle des 2/3 basaux de la paroi latérale. Le pilier latéral est en bordure de la zone nécrosé, ce qui est responsable d'une restriction du feuillet postérieur. Le VG est par ailleurs globuleux et il existe également un certain degré de restriction avec un signe de la mouette sur le feuillet antérieur. Il s'agit donc d'un type 3.


VG 4 cavités contraste from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Mais il ya aussi un prolapsus de A2 (donc un type 2) :
Vue 3D dite "chirurgicale", aorte en haut, auricule au gauche de l'écran, grande valve en haut avec un prolapsus médian et petite valve en bas : 


Mitrale 3D from fish Nip echocardiographie on Vimeo.



Enfin, on note une dilatation et surtout une déformation importante de l'anneau (donc plutôt un type 1), qui est quasiment rond. Sur cette reconstruction tridimensionnelle de l'anneau en télésystole, les zones de restrictions paraissent en bleues, la zone prolabant (A2) est jaune. l'aorte est en haut, AL est la commissure antero-latérale.


En conclusion, si le mécanisme de cette volumineuse fuite n'est pas évident en ETT, c'est qu'il fait intervenir 3 notions difficiles à appréhender en 2D:
- la petite valve discrètement restrictive, 
- le prolapsus dégénératif de A2, minoré par la traction exercée par le VG globuleux
- et la déformation de l'anneau.
Sur cette reconstruction 3D, on peut voir, dans le cadre en bas à droite, le petit carré bleu qui correspond au plan de l'anneau. Seul le A2 est au plan de l'anneau, le reste des feuillets sont en dessous, confirmant la restriction.

vendredi 15 octobre 2010

Le passe muraille : suite (et fin!)

Pour résumer les épisodes précédents :
Dans un contexte de récidive d'angor, la ventriculographie retrouve une ectasie infero laterale
- totalement ratée en échographie transthoracique
- mais belle et bien visible en échographie de contraste,
- l'IRM répond "métaplasie lipomateuse sans anévrisme",

et la question est : y a t-il de la paroi autour,  en clair, est-ce une rupture myocardique contenue (faux anévrisme et donc potentiellement chirurgie) ou un "pseudo pseudo anévrisme" avec de la paroi autour.
Le scanner met tout le monde d'accord, il s'agit d'un pseudo pseudo-anévrisme avec de la paroi, qui est le siège d'une transformation lipomateuse, visible en noir sur le scanner (graisse). Il n'y a donc pas d'indication chirurgicale.




Un référence claire pour mieux comprendre la différence entre faux anévrisme et pseudo pseudo anévrisme (!): 
Pseudo-pseudoaneurysm: a rare and unexplored mechanical complication of myocardial infarction.
J Am Soc Echocardiogr. 2007 Nov;20(11):1317.e1-3. Epub 2007 Jun 27.
Bonne chance quand-même...
(Finalement, le passe muraille, comme dans la nouvelle de Marcel Aymé, est resté coincé dans la muraille).

mercredi 13 octobre 2010

Roxy et Rookie

Résultats de recherche

  1. Rookie - Wikipédia

    Rookie » est un terme sportif nord-américain que l'on peut traduire en français par « néo-professionnel » (ou « débutant » suivant le contexte). ...
    fr.wikipedia.org/wiki/Rookie 
    Il s'appelle Roxy Senior, il travaille à Oxford et il est LE pape de l'échocardiographie de contraste. Quel nom! Moi, j'aurais aimé m'appeler Phil Quicksilver Master, ou Lacanau Phil Pro...
    Dans le numéro de septembre 2010, Roxy Senior et sa bande publient cet article, qui compare échographie de stress sous adénosine, avec injection de contraste échographique, et l'IRM 3-T de stress (adénosine) avec injection de gadolinium, dans la détection de la maladie coronaire. 
    Le choix de l'adénosine est lié au caractère sûr de la molécule, et de l'accélération modérée de la fréquence cardiaque, qui permet de bien analyser la perfusion. (En contrepartie, l'analyse du déplacement de l'endocarde propre au stress habituel perd en sensibilité). L'effectif est petit (65 patients), tous ont bénéficié d'une coronarographie.
    La sensibilité dans la détection des sténoses de plus de 70% est de 97% avec les deux techniques,
    La spécificité est de 64% pour l'écho Vs 61% pour l'IRM,
    La précision pour décrire une atteinte mono, bi, ou tritronculaire est de 79% en écho versus 77% pour l'IRM. La reproductibilité inter-observateur pour l'échographie de contraste est de 79%.
    Naturellement, tous cela mérite d'être confirmé à plus large échelle, par des opérateurs moins rompus au contraste que Roxy et ses amis. Mais le protocole est ultra simple, l'examen dure 10 minutes, les produits sont "safe", et ils n'utilise plus la technique de destruction des bulles par flash et étude du remplissage myocardique. 
    Il reste à positionner ce type d'examen par rapport à une échographie de stress conventionnelle, qui elle mise plus sur le déplacement endocardique aux fortes doses de dobutamine et à la FMT. Mais ne pourrait pas coupler les deux? (perfusions aux faibles doses et "wall motion" au pic?)
    A suivre...

lundi 11 octobre 2010

Ceci n'est pas une pomme

Dans un hôpital moderne, l'absurde peut surgir n'importe quand, n'importe où. Dans le couleur neuf d'une aile neuve, un fauteuil hors d'age, peut-être fin De Gaulle-début Pompidou?
Comme si cet anachronisme ne suffisait pas, posé sur le simili cuir, un carton portant cette inscription mystérieuse : "Tarte aux trois fromages"...
Quel peut bien être le sens d'une telle rencontre???

samedi 9 octobre 2010

Tako Tsubo c'est rigolo mais c'est salaud

Cette semaine, deux cardiomyopathies de stress ou syndrome de ballonisation apicale, ou encore Tako-Tsubo. La première, sans aucun antécédent cardiologique, est en choc cardiogénique, avec 5000 de bnp et une troponine à 5. La dysfonction est sévère, mais respecte la collerette basale :


Tako Tsubo from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Il s'agit d'une forme biventriculaire, avec la même ballonisation apicale du Ventricule droit et le segment basal respecté:


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

L'atteinte VD concernerait 30% des Tako-tsubo dans la littérature, et dans cette étude prospective parut dans le JACC en 2006, il s'agit de forme plus sévères,souvent en insuffisance cardiaque. Si la mortalité n'est pas clairement plus élevée, les durées d'hospitalisation de ces formes biventriculaires sont plus longues.

Autre patiente, bilan d'infarctus cérébral dans les suites d'un stress : il s'agit d'une forme plus typique, mais cette fois avec un thrombus plan, mural, adhérant à la paroi septo-apicale. Le scanner confirme la présence du thrombus et l'absence de sténose sur le réseau coronaire.


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

Après contraste, la zone reste noire, réalisant de plus une épaisseur trop importante pour être la paroi:


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

mercredi 29 septembre 2010

La fontaine miraculeuse!

Parfois, l'objet que l'on cherche est juste là, à droite, sous nos yeux incrédules.
En cherchant rapidement des éléments pour préparer un petit compte rendu sur toutes les belles choses que nous avons bues à Bordeaux au congrès d'écho, (quoi? un lapsus? où ça?), je tombe sur la fontaine miraculeuse. Non, ce n'est pas une fontaine à Saint Emilion...
Sur le site echo-webline, répertorié dans les liens du blog, à droite de votre écran, un lien vers tous les topos, filmés en intégralité, comme si vous y étiez! (il suffit de souscrire au site).
Hasard heureux que cette proximité, comme celle de ce distributeur, dans l'axe d'un lieu de pèlerinage, qui sème le doute... Peut on réellement être baptisé au Schweppes?

mardi 28 septembre 2010

Fosse ovale : Cloison maudite?

Le septum inter auriculaire est une cloison assez mystérieuse. Le Foramen ovale perméable, avec ses modifications dynamiques pendant les tests d'hyperpression intra thoracique, est pourtant très banal, mais difficile à imaginer dans l'espace.
Manifestement (et heureusement...), je ne suis pas le seul à le penser puisque parait le 27/09 dans le JACC imaging cet article superbement illustré dont je vous recommande vivement la lecture : 
"Anatomy of right atrial structures by real-time 3D transesophageal echocardiography". Faletra FF, Ho SY, Aurichio A.
JACC Cardiovasc Imaging. 2010 Sep;3(9):966-75.

Ici l'association d'une petite Communication Inter Auriculaire de type ostium secundum


Et d'un FOP avec une épreuve de contraste faiblement positive :

Sur cette image, une fosse ovale sans FOP, mais avec de multiples petites CIA :

Et sur cette image 3D la même fosse ovale devant, en haut et au gauche par une vue intra Oreillette Gauche, avec l'oreillette droite derrière et la veine cave supérieure en haut, en arrière et à droite. Derrière la fosse ovale, un petit trou correspondant à la petite CIA.


L'accolement des parties du SIA  n'est pas fixe, comme ne témoigne cette vue "en face"du FOP, avec une fente laissant libre passage de l'OD (en dessous) vers l'OG (au dessus).


La fermeture de CIA percutanée s'est rapidement imposée comme l'une des premières indications de l'ETO 3D temps réel. Cependant, la multiplication des procédures endovasculaires comme la stimulation multisite, nécessitant l'accès au sinus coronaire, ou l'ablation de flutter peuvent être des indications intéressantes (les auteurs de l'article citent la valve de thébésisus qui peut obstruer partiellement l'abouchement du sinus coronaire, comme l'analyse anatomique de l'isthme cavo-tricuspidien).
L'analyse 3d des veines pulmonaires, potentiellement intéressante pour l'ablation de la fibrillation auriculaire,  reste un problème, du fait de la grande proximités des veines et du capteur. L'ETO en mode Xplan est un mode issu du 3d qui permet, à partir d'un plan 2d fixe à 0° par exemple, d'explorer sur un écran adjacent une autre incidence, dont on fait varier l'angle avec la track ball. Ce mode me parait plus intéressant pour le repérage des 4 veines pulmonaires. Une fois une veine repérée, à droite et surtout à gauche où elles sont plus difficiles à différencier, le balayage par le plan "réglable" permet une visualisation très aisée de la deuxième veine. 
Quelqu'un à un truc pour faire du 3d sur les veines pulmonaires?

vendredi 24 septembre 2010

Take the A strain

J'ai toujours aimé ce congrès d'échocardiographie à Bordeaux, la ville est magnifique, l'organisation est parfaite, et c'est l'occasion d'écouter d'excellents orateurs. Parfois, c'est même un peu trop d'information pour ma petite tête. Sauf revirement théâtrale durant la dernière journée de demain, les échographistes français ne sont toujours pas très chauds sur l'utilisation routinière du produit de contraste. Quelques mots sur l'utilisation potentielle en echographie de stress pour les patients peu échogènes, pas un mot sur la perfusion myocardique et la reserve coronaire. Heureusement, les liegois sont plus téméraires (j'aurais du être Belge). Le contraste reste à mon sens très prometteur, c'est le chainon manquant entre l'echo et l'IRM, en apprenant des techniques d'IRM, on devrait pouvoir developper des outils capable d'affiner le dépistage de l'ischémie et de la viabilité. L'amélioration des conditions d'examen des echographies de stress est indiscutable, et il n'est pas rare d'avoir de très belles coupes au repos et de perdre cette échogénicité au pic de dobutamine, de façon imprévisible.
Pourtant, le grand vainqueur de cette année est encore le strain, plus précisement le strain longitudinal global en 2D, ou mieux, en 3D à partir d'un volume incluant le VG obtenu par une sonde ETT 3D temps réel. Les indications cliniques se précisent, ce serait un critère plus fin et d'altération plus précoce que la FEVG, c'est reproductible et facile à obtenir en quelques clics. Quelques problèmes restent en suspend :
- Il n'y a pas encore de véritable consensus sur une valeur seuil
- Un des plus grands conctructeur ne rend pas le strain global, mais uniquement un strain régional, (interrogé sur la raison de cet oubli, l'ingénieur m'a répondu : "parce qu'on n'y crois pas", dommage!)
Alors j'ai été voir d'autres machines sur les stands, pour moi aussi faire du strain en quelques clics. Et là, patatra. Le contourage automatique du manequin qui pèse 62kg pour 1m80 et qui est goalé comme un surfer pro est totalement raté. "Mais on peut retoucher!" Repatatra. Le VG devient oval, puis rond. Le pauvre surfer se retrouve avec un strain à -18% (valeur basse), une FEVG volumique à 40%, j'appelle le SAMU de mon portable en remerciant pour la présentation.
Peut être qu'avec du contraste, on améliorerait le contourage automatique du VG pour faire du strain???

lundi 20 septembre 2010

Le passe muraille : 2ième

Moi, la métaplasie lipomateuse du vieil infarctus, je ne connaissais pas. J'ai bien vu passer quelques articles en scanner et en IRM, mais jamais en échographie. Pourtant, j'imaginais ça comme cela :
C'est un autre patient, polyartériel, avec un infarctus inferobasal ancien.
A l'échocardiographie trans thoracique, en apicale des 2 et 3 cavités, on aperçoit une zone hyperechogène, qui peut donc être soit calcifiée (mais il devrait y avoir un cône d'ombre postérieur que l'on ne voit pas ici), soit de la graisse, spontanément très échogène.



Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.

En échographie de contraste, la "couche" hyperéchogène sous endocardique comble une petit zone de myocarde aminci, et il existe effectivement une akinésie très limitée de ce territoire. Les bulles ne penètrent pas dans le myocarde mais elles ont elles aussi hyperechogène et se confondent un peu avec la graisse.


Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.




Sur le scanner réalisé chez ce même patient, on retrouve la même zone inhabituelle, mais hypodense, dans la partie infero-basale du myocarde: il ne peut donc pas s'agir de calcification.




 Il s'agit donc d'un petit infarctus sous endocardique avec amincissement de la paroi qui est comblée par un matériel hyperéchogène en écho, mais hypodense en scanner, probablement graisseux.
L'IRM confirme le rehaussement tardif et l'IDM dans cette région, mais pas un mot sur une possible métaplasie lipomateuse...
Pour une fois que je croyais avoir compris...